LA
FALUCHE
La Faluche est le béret de velours noir
traditionnel arboré par les étudiants français Depuis la fin du XIXième siècle.
Portée par tous autrefois, la Faluche a quasiment disparu dans les années 1968
pour réapparaître récemment. Ainsi en France, depuis les années 1980, elle
fleurit à nouveau sur les têtes des étudiants.
Le
12 juin 1888, les étudiants français sont invités à l'occasion du centenaire de
l'Université de Bologne. On pouvait y voir défiler toutes les formes de
costumes et de coiffes d'autrefois : bonnets carrés, bonnets ronds, toques,
bérets, tricornes et quadricornes, les longs manteaux et les robes des vieux
magisters, les longs manteaux de drap noir à parements de velours des
scandinaves, les amples robes de soie noire des graves Romains, les pèlerines
de soie rouge écarlate des Espagnols, les robes allemandes du Moyen Age.
Au milieu de ce
tableau pittoresque égayé par l'éclat des costumes que tous portaient,
professeurs et étudiants, les étudiants français se singularisaient particulièrement.
En effet, leurs vêtements sombres, uniquement égayés d'une cocarde à la
boutonnière et d'un étroit ruban en sautoir aux couleurs de la ville de Paris
"faisaient pauvres". Ils le sentirent aussitôt, et une heure après
leur arrivée, ils adoptèrent la coiffe traditionnelle de leurs coreligionnaires
de Bologne dont ils rapportèrent la mode à Paris. C'est ainsi que naquit la Faluche.
L'absence
de traces écrites, document d'archives empêche l'élaboration d'un historique
fidèle et détaillé sur le sujet. D'une manière générale, l'histoire de la
coiffe estudiantine peut se subdiviser en deux périodes. D'une part, la période
antérieure aux années 1968 où elle occupait une place prépondérante dans la vie
de l'étudiant ; d'autre part, la période houleuse des années 1968 qui a
entraîné par la suite le rejet du couvre-chef et sa disparition quasi totale
dans les universités françaises.
Autrefois,
la Faluche était portée systématiquement par l'étudiant. Les études
s'adressaient plutôt aux gens appartenant à une certaine bourgeoisie (fils de
notables...). Le bourgeois connaissait de ce fait bien les faluches. Les
escholiers ne manquaient pas de s'affubler de leur Faluche lors de défilés traditionnels.
A cette occasion, ils se livraient à quelques exactions pour "choquer le
bourgeois". Ce caractère de provocation gratuite est inhérent à la
Faluche.
Pendant
la première guerre mondiale, beaucoup troquèrent Faluche pour Képi. Les anciens
étaient appelés loin des facultés et dès lors, surgirent des générations privées
de "la forte nourriture des traditions bachiques". Pendant la seconde
guerre mondiale, les allemands avaient interdit le port de la Faluche. En
effet, toute distinction à caractère nationaliste était vivement prohibée à
cette époque. Cela n'aura pas empêché certains étudiants de la conserver
jalousement comme "défi" à l'occupant. Mais ils ne s'affichaient pas
en ville avec leur coiffe.
Les
années 1968 marquent la période charnière dans l'histoire de la Faluche. En effet,
la révolution de "Mai 68" va conduire au rejet en masse de la coiffe traditionnelle
estudiantine. Dès lors la Faluche est quasiment ignorée à l'exception des
facultés de médecine et de pharmacie où les traditions sont fortement ancrées. Après
avoir été enterrée pendant près de 15 ans, la Faluche semble renaître. L'aube
des années 1980 est marquée par un retour aux traditions. Des villes où elle
avait complètement disparue ré adoptent ce drôle de chapeau et sa tradition.
Quelques acharnés ont tenté de remettre à l'honneur ce couvre chef de tous les
étudiants de France. Les Festivités du 100ème et les suivantes, ont redonné à
la Faluche une dynamique très forte.
La
Faluche, comme toute chose a évoluée avec le temps. Autrefois les Faluches
étaient vierges de tout insigne ou ruban. La couleur du circulaire, manifestement
issue du "floc" des toges doctorales, varie avec la faculté de l'étudiant.
Les insignes qui ornent les faluches ont une origine qu'il est difficile de préciser.
Tradition surtout orale au départ, aucun document d'époque (articles, ouvrages,
codes écrits...) ne permet d'attester l'origine des insignes. Les anciens s'accordent
à dire que l'apport d'insignes sur le couvre-chef s'est fait progressivement.
Au départ, la coiffe
estudiantine n'était régie par aucun code, ce qui laissait la décoration au
libre choix du Faluchard. Chacun mettait ainsi, ce qu'il voulait sur sa
Faluche. Toutefois quelques principes étaient respectés dans l'ensemble : le
bandeau de la discipline, les insignes d'appartenance à une faculté potentielle
et l'utilisation d'étoiles dorées ou argentées en fonction des années.
On
voit apparaître les premières transcriptions dans les années 1960. Ils
témoignent en quelque sorte de la survivance de la tradition orale. Les
évolutions du code sont essentiellement dues, d'une part, à l'arrivée de
nouvelles filières qui n'avaient pas de couleur ou d'insignes, et d'autre part,
à un besoin d'adaptation des règles à celles de la "société" qui nous
entoure.
Le port de la faluche
symbolise la vie personnelle de l’étudiant. En portant cette coiffe de velours
noir, l’étudiant témoigne auprès de ses condisciples de l’intérêt qu’il
manifeste à la vie et aux traditions de son Université. La faluche se porte
lors des manifestations estudiantines ou autres manifestations qui sont d’autant
plus chaleureuses que le respect de cette tradition est maintenu. Ainsi la
faluche permet de développer un véritable esprit de fraternité entre étudiants.
L’Esprit Faluchard est avant tout une grande fraternité et un respect des
autres dans l’idée Rabelaisienne. Le Faluchard oeuvre pour l’animation de son
U.F.R., de se Fac, de son Université ou de son École. Chacun agit selon ses
moyens et selon sa disponibilité.
La
Faluche n’est en aucun cas une uniformisation de la personnalité, elle est un
choix : le choix de former un groupe d’étudiants actifs et bons vivants,
désireux de donner vie à leur lieu d’étude, que ce soit dans la ‘politique’ des
amicales ou des différents conseils de Fac, ou, le soir venu, dans les
‘chouilles’, fiestas et autres soirées estudiantines. A chacun de manifester ce
choix selon ses moyens, selon sa disponibilité et surtout, selon sa
personnalité. Etre Faluchard exprime surtout une grande fierté d’être étudiant,
au point de le montrer.
Est-il
utile de rappeler que notre maître à penser n’est autre que François Rabelais.
Bon vivant, aimant la chaire et le bon vin, il n’en était pas moins, médecin,
latiniste, géographe et moine. Dans le plus pur respect de son oeuvre,
festoyons, rions et chantons gaiement, mais souvenons nous aussi que Pantagruel
et Gargantua étaient de géants, aussi sachons adapter notre consommation à
notre morphologie et donnons de la Faluche
et des Faluchards une image en accord avec le respect que nous devons à Monsieur Rabelais.